Le tango, danse et musique, est parti d’une histoire mouvementée à la mesure de ses ardeurs des débuts. De ses vicissitudes, elle s’attribue aujourd’hui un piédestal parmi les danses de salon les plus appréciées. Petite chronique d’un emblème argentin.
Origine du tango
Les « conventillos » argentins, quartiers populaires des banlieues de Buenos Aires, habitats d’indigènes modestes sont aussi le lieu d’accueil de descendants d’esclaves, de ruraux en exode et d’immigrés. C’est dans cet environnement de mixité propice au mélange des cultures qu’est né le tango, musique et danse envoutante à ses prémices. Car un peu à la différence du tango plutôt lent de nos jours, il a d’abord été une musique endiablée accompagnant une danse tout aussi mouvementée et suggestive.
Popularité et banalisation
Le tango « canyengue » ou tango canaille a surtout été joué dans des milieux fiévreux. Il divertit les « mauvais garçons » de l’époque dans les bars et bals de rue. C’est un moyen de distraction idéal pour une frange populaire en difficulté. Rapidement appropriée par une foule de musiciens, cette danse et musique multiculturelle est peu à peu codifiée, pour devenir un élément de tradition baptisé Tango, grâce aux Guarda Vieja.
Ce sont des compositeurs et des danseurs sortant d’académies, relayés ensuite par des groupes musicaux « Orquesta tipica » qui standardisent le nouvel art. Musique de voyageurs et de marins, le tango gagne rapidement les contrées outre-Atlantique, en Europe, pour se retrouver adulé par des gens de la Belle Epoque à Paris.
Déclin, renaissance, innovation
Bien accueilli par la bourgeoisie parisienne pour être listé parmi les danses de salon, le tango épuré connait son âge d’or jusque dans les années 1950. Et si cette dérivée « classe » du tango connait des évolutions, sa forme pure a failli perdre pied par l’apparition d’autres genres de musique festive comme le jazz, le swing…
Mais dans les années 1990, la réouverture des milieux festifs populaires et l’organisation récurrente de bals traditionnels redonnent vie au tango. Par ailleurs, son adoption par des artistes émérites divers tels Astor Piazzolla, donne lieu à quelques variantes : Tango Nueve, Tango electronico… Dans toutes ses déclinaisons, le Tango demeure une matérialisation dansée et chantée de la séduction, de la sensualité et de la nostalgie à l’Argentin.