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samedi, avril 20, 2024
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Euphonia ville musicale, la nouvelle de musique-fiction d’Hector Berlioz

Euphonia ou la ville musicale : l’oeuvre emblématique d’Hector Berlioz

« Euphonia ou la ville musicale » est le titre d’une des plus célèbres nouvelles de l’écrivain Hector Berlioz. Cet écrivain, compositeur et chef d’orchestre français du 19e siècle sera même à l’origine de la novatrice symphonie fantastique en 1830. Euphonia a été publiée pour la première fois dans la Revue et gazette musicale de Paris en cinq feuilletons, du 18 février au 24 mars 1844.

Elle appartient en réalité au recueil « les soirées de l’Orchestre », qui est un ensemble de nouvelles qui relatent les 25 soirées d’une troupe de musiciens, qui est parfois contrainte de jouer une musique décrite comme décadente et dissonante.

Euphonia, de la musique-fiction

Dans Euphonia, Hector Berlioz se présente comme un véritable écrivain de science-fiction, où il imagine une ville musicale aux allures futuristes avec des bateaux et des locomotives volant dans les airs.

Une nouvelle d’anticipation

L’action du récit se déroule en 2344. Dans cette nouvelle, nous est présentée une société idéale de « 12 000 âmes » située sur le versant de Hartz en Allemagne. Dans cette ville musicale, la seule et unique préoccupation des habitants est la musique. S’ils ne sont pas musiciens ou chanteurs, ils se consacrent à fabriquer des instruments de musique ou à produire toutes sortes de sons.  Chaque rue porte le nom d’un instrument ou d’un timbre de voix. Euphonia est considérée comme un vivier de culture, comparée à d’autres contrées décrites comme décadentes.

Euphonia: écriture innovante qui mélange habilement les genres littéraires

Berlioz, écrivain romantique de son temps, propose une écriture totalement novatrice pour l’époque. En mêlant discours épistolaire, récit à la troisième personne, et scènes au ton théâtral et dramatique, Berlioz réinvente l’écriture romantique à sa manière. En effet, Euphonia allie à la perfection l’érudition et l’art de la musique. Les symboles du romantisme (nature, musique et littérature) sont, en effet, récurrents dans cette œuvre.

Entre œuvre autobiographique et critique de la société du 19e siècle

Euphonia est une nouvelle qui regorge d’éléments autobiographiques. Cette dernière pose également les bases d’une critique à peine voilée de la société contemporaine de l’auteur.

Des éléments de la vie de l’auteur

D’entrée le nom des personnages, sous forme d’acronyme, est un clin d’œil aux contemporains de l’auteur. Xilef (Felix) un des personnages principaux a un parcours de vie très proche de celui de l’auteur. Shetland (Stendhal), Ellimac (Camille) ou Mina sont autant de personnages qui ont été inspirés de personnes réelles appartenant à l’entourage de l’auteur. 

D’autre part, le récit de la passion amoureuse et de la trahison de l’être aimé est au cœur de la nouvelle. Le compositeur de « La symphonie fantastique » y décrit son désir de vengeance et la machination machiavélique qu’il mettra en œuvre pour arriver à ses fins. Hector Berlioz confiera d’ailleurs avoir eu au cours de sa vie cette envie de vengeance et de désarroi à cause d’une trahison amoureuse qu’il aurait vécue.

Euphonia, critique sous-jacente de la société du 19e siècle

Euphonia sous ses airs de monde musical idéal, est une œuvre littéraire qui permet de critiquer la société en pleine transformation du 19e siècle. Xilef, en mission en Sicile pour recruter de nouveaux chanteurs, établit une correspondance avec Shetland, un autre musicien hors pair. Il y dépeint la décadence de la société italienne. En la décrivant comme un peuple qui n’est plus capable d’apprécier l’art à sa juste valeur. S’ensuit l’arrivée théâtrale de Mina, de sa mère Mme Happer et de sa servante. La suite de l’œuvre relate une folle passion amoureuse entre trahison et vengeance meurtrière. La fin de la nouvelle se termine en apothéose tel un dies irae sanglant. Xilef assouvit son désir de vengeance grâce au fameux stratagème du Piano-Orchestre et se donne la mort juste après. Euphonia plonge alors dans un silence pesant où seules les notes dissonantes de l’orgue se font entendre.

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les soirées de l’orchestre

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